Spatha Grimmer

Si on devait comparer Spatha à un légume, cela serait une asperge sans l’ombre d’une hésitation. Du haut de son mètre quatre-vingt-cinq et de ses septante kilos, le jeune garçon à une apparence assez lâche et maladive bien que sa santé ne lui ait jamais fait défaut. Il a des cheveux d’un gris d’acier mal coiffés et la peau légèrement bronzée, dû au fait qu’il ait passé son enfance à South Blue. Son style vestimentaire laisse réellement à désirer, composé d’une chemise à carreaux à moitié rentré dans un short mi-long munis d’une ceinture de cuir. Il porte également des sandales aux pieds, une habitude du dojo qu’il n’a jamais lâché. Il a tendance à sourire pour tout et n’importe quoi, ce qui lui donne un air un peu simplet. Enfin, il porte une épée assez quelconque à la droite de sa ceinture vu qu’il est gaucher, servant surtout à sa deuxième personnalité, et une paire de jumelles à la gauche, qu’il ne se prive pas d’utiliser à tout moment pour observer la nature dans toute sa splendeur. Ces deux attributs lui sont caractéristiques, montrant ainsi les deux facettes de sa personnalité.
Son côté démoniaque a également tendance à sourire tout le temps, mais d’un sourire sadique, vicieux, orgueilleux. Son visage change donc radicalement d’expression mais à part ce détail là, rien ne peut distinguer ses deux identités.

Spatha souffre d'une forme de dédoublement de la personnalité très rare, il se souvient de tout ce qu'il a fait dans ses deux états. L'un étant un état de gentillesse extrême et de passivité absolue, l'autre étant un état de haine poussé à sa limite et devenant une menace pour ceux qui se mettent au travers de son chemin. La plupart du temps il est souriant et est une vraie crème, il ne ferait vraiment pas de mal à une mouche ! Il a une passion pour toutes choses vivantes s'intéressant autant à la faune qu'à la flore, il aime passer son temps à regarder les animaux vivre leur vie. S'il n'est pas avide de recueils historiques, il est capable de dévorer des encyclopédies sur les animaux et les plantes à longueur de temps. Ce qui lui a permis d'avoir ses bases en cuisine (bien que cela reste assez rudimentaire, juste assez pour savoir survivre) mais surtout en médecine où il commence à avoir un niveau relativement bon (études des plantes pout les remèdes et des animaux pour la chirurgie etc...)
C'est une personne assez sociable sans pour autant vouloir à tout prix se faire remarquer, il a un optimisme constant et même dans les moments les plus tragiques, il va tenter de voir le bon côté de la chose. Il ne manque pas de se dire "mieux vaut en rire qu'en pleurer".

Spatha est né d'un père épéiste et d'une mère venant de l'île Ohara dans le petit village de Dotsumaki sur l'île de Seitoun. Il a hérité de l'intelligence et de la bonté naturelle de sa génitrice, et de l'esprit solitaire de son paternel. C'est un garçon assez maladroit de nature et n'a pas vraiment de qualités physiques particulières. Durant toute son enfance on l'a traité comme un boulet malgré la défense prise par ses parents, mais qui n'en pensaient pas moins.
Son nom veut dire "épée" en latin. Son père le lui a attribué en espérant voir en lui un digne successeur de l'art de l'épée. Malheureusement, malgré un entrainement acharné durant toute son enfance, Spartha ne montra aucune aptitude en combat rapproché. Son seul intérêt était la nature qui entourait le dojo que dirigeait son père. Bien qu'il ait l'intelligence de sa mère, l'histoire et la littérature ne l'ont jamais intéressé, il était d'une nature trop distraite pour pouvoir se concentrer sur une même chose plus d'une heure à la suite.
Cet enfant était donc une assez grosse déception pour ses parents bien qu'ils ne le lui montrèrent jamais... Jusqu'à ses 16 ans où Spatha les aperçus en train de se disputer à son sujet, tous les deux criant à quel point leur fils était inutile. En apprenant la nouvelle Spatha décida de tout faire pour les rendre fiers de lui. Il s'entraîna très durement au dojo et le soir, il s'engagea encore plus dans sa passion en dévorant des encyclopédies sur la faune et la flore. Mais, malgré tous ses efforts, ses résultats au sabre restèrent médiocres. A part un corps assez bien bâtit, le jeune homme n'arrivait pas à y exploiter grand chose.

3 ans plus tard, alors que Spatha s'entraînait au dojo comme tous les après-midis, il entendit un cri venant de chez lui. Il courut jusqu'à chez lui et vit une mare de sang, sa mère égorgée gisait à même le sol tandis que son père se retrouvait encerclé par 5 autre villageois, l'épée brandie. Visiblement ils en avaient après quelque chose mais quoi ? L'action ne dura qu'un dixième de seconde, au moment ou le père de Spatha empala l'un d'eux devant lui, les 4 autres le rendirent hors d'état de nuire. C'est à ce moment précis que le jeune fils eut une sorte de déclic et ne vit plus que du rouge, sa vision était floue et il ressentait une énorme haine, une haine emmagasinée depuis sa naissance, contre tous ceux qui l'ont rabaissé mais aussi et surtout contre lui-même, impuissant face au meurtre de ses parents.

Quand il se réveilla il était seul, tout le village en sang. Soudain il se souvint, il vit sa lame trancher les gorges des 4 meurtriers. Ensuite... ensuite un visage, Michael, son voisin qui avait le même âge que lui le regarda, suivit de tout le village derrière lui qui murmurèrent ensemble "tes parents, tu les as tués!" prêts à tout pour le rabaisser à nouveau cet être inutile ! Et là ce fut la mare de sang, un lac rouge, il les avait tous tués, il s'était vengé inconsciemment du martyr qu'il a pu subir à cause d'eux.

Toujours tremblant, suite au choc dû au massacre dont il était l'auteur, il retourna chez lui, las. N'étant pas de nature à se morfondre dans son chagrin mais à aller de l'avant, il réfléchit longuement à ce qu’il s’était passé. Enfin il conclut que comme il ne pouvait plus rester ici, il allait profiter de sa liberté pour réaliser son rêve d’enfant : celui d’étudier toutes les formes de plantes et d’animaux qui pourrait y avoir autour du globe. Il se prépara donc à faire le tour du monde, son destin fut désormais tracé !
Après avoir enterré ses parents comme il se doit, il quitta le village, son épée et sa paire de jumelles à sa ceinture, et débuta son voyage.

Il marcha jusqu’à Caperone, une ville portuaire, dans le but de trouver du matériel pour débuter son voyage mais avant tout pour combler les lacunes qu’il a accumulées en restant cloîtré dans son petit village perdu. Jusqu'à présent, sa vie se limitait à la mer et la forêt et le monde n’était qu’une carte affichée dans son salon. La vie extérieure à Dotsumaki lui était totalement inconnue, tout comme les événements récents qui ont pu se passer dans le monde.
Dans cette ville il rencontra un pirate étrange dans un bar qui fut d’accord pour l’aider à commencer sa nouvelle vie et l’emmener vers une autre île où il connaîtrait visiblement des gens qui pourraient lui donner un coup de main dans sa quête.
Le voilà donc à bord du bateau de ce pirate, navigant au gré des flots vers l'inconnu.

Tel un fer brulant, le soleil rougeoyant de plus en plus annonça la fin de cette journée, de la lumière… de mes parents. Je n’aime pas les couchés de soleils, on dirait que celui-ci saigne et gémis avant de disparaitre à l’instar d’une mort lente où il a le temps de sentir chaque partie de son être souffrir atrocement. Sa seule issue c'est que le temps fasse son œuvre et prenne son âme faisant place aux ténèbres. Mes parents sont aussi partis dans la rougeur de leur sang pour me laisser seul dans ces ténèbres... J’en vins à en vouloir au soleil de prendre cette apparence lors de son coucher !

*Allons allons, reprend-toi Spatha ! Tu n’as jamais déprimé de toute ta vie malgré ce que tu as pu subir, ce n’est pas ici que ça commencera. Voyons le positif des choses, tu as enfin la chance de partir à l’aventure, tu rencontreras sûrement de vrais amis, ceux dont tu as toujours rêvé ! Regarde comme tes souffrances sont insignifiantes face à celles du monde, tu ne peux te permettre de te plaindre alors que tu as toute la vie devant toi.*

Sur ces mots réconfortants, je mangeai mon repas sans goût mais nourrissant. Enfin le soleil disparut à l’horizon et je finis par m’endormir tant bien que mal essayant d’oublier le mouvement du bateau au gré des flots.

Revenons 15 jours en arrière, juste après le meurtre de mes parents. Après avoir pris toutes mes affaires, notamment mes livres de biologie et mon épée, je décidai de partir assez vite de cet endroit de peur d’être vu. Je me dirigeai donc vers la ville la plus proche située à une cinquantaine de kilomètres au nord, Caperone. N’ayant pas envie d’attirer l’attention je décidai de prendre un détour par la forêt de Beaucourt, située à l’est de mon village, au lieu de longer la plage.

A ce moment là tout ce que je pus faire, c’est fuir. Fuir mon village, fuir cette tragédie, fuir mon acte…

Je ne m’arrêtai pas de tout le voyage, car si je le faisais, les remords commençaient à prendre le dessus et je n’avais vraiment pas besoin de cela maintenant ! Par contre je pense n’avoir jamais été aussi lent, cette forêt est juste magnifique, que de sons à écouter, que de scènes à admirer ! Je pus être témoin comme jamais les bienfaits de la nature, et je compris réellement pourquoi j’étais né et à quel point mon malheur n’était pas grand-chose face à cette vaste activité de plusieurs milliers de créatures en tout genre, toutes ayant connu ses tragédies et ses gloires. En pensant que tout cela ne se trouvait que dans cette forêt, j’eus soudain un élan de motivation quant à ma liberté d’aller voir toutes les merveilles que le monde peut nous offrir. C’était décidé, j’irai explorer le monde !

J’arrivai enfin à Caperone le douzième jour qui suivit mon départ. Caché dans la forêt j’admirai le spectacle : une file entière de marchands et d’autres voyageurs se trouvait devant l’entrée d’une enceinte de pierres. Un homme plutôt bien habillé contrôla les identités de chacun avant de les laisser entrer. Quelle concentration humaine, je n’avais jamais vu quelque chose de semblable, ce fut juste… impressionnant !

Du hennissement des chevaux au fond sonore de toutes ces discussions, je me perdis dans ce concerto citadin. Du silence et du calme de la forêt j’entre dans le bruit et l’action de la ville, quel dépaysement !

Je restai ébahi quelques minutes durant avant de prendre mon courage à deux mains et me fondre dans cette masse d’individus en tout genre. Arrivé à la porte, le soldat me tendit sa main tout en récitant sa demande ne manière étrangement poétique.

« 15 berrys la journée, et je te laisserai passer, si tu ne veux pas payer, tu n’as qu’à t’en aller… »

Amusé par ces propos quelques peu grotesque, je ne pu m’empêcher de répondre à sa quête, profitant de l’occasion pour lui soutirer quelques informations sur la ville.

« Vous êtes bien poétique en cette belle matinée cher monsieur, vous m’en voyez ravi. Venant de la campagne je découvre l’activité urbaine en ce moment même ; comprenez, cher portier, mon dépaysement face à toute cette zizanie. M’apprêtant à plonger dans l’inconnu, vous m’enlèveriez une belle épine du pied si vous pouviez me conseiller des endroits où je pourrai trouver logis et en apprendre plus sur votre magnifique cité. »

Le portier me conseilla alors une auberge non-loin du port tenue par son cousin Freddy qui est, selon lui, un réel cordon bleu pour la cuisine et ses lits sont les plus confortables de la ville. Il me donna également l’adresse d’un bar nommé « Gold Roger » où beaucoup de rumeurs ont tendance à circuler dedans, notamment due à une clientèle majoritairement marine. Je m’étais donné comme objectif de ne pas quitter la ville sans être prêt à commencer mon aventure, après tout j’avais besoin d’en savoir beaucoup plus sur l’actualité du monde.

*Peut-être trouverais-je quelques éclaircissement sur cette mystérieuse disparition de l’île d’Ohara… *

Je me rendis donc à l’auberge afin de réserver une chambre pour une durée indéterminée, ensuite je me dirigeai vers ce fameux pub. L’entrée du bar ne donnait pas vraiment envie d’y mettre les pieds, l’enseigne paraissait vieille et miteuse, elle menaçait de tomber d’un moment à l’autre ne tenant plus que par un clou. J’appris par la suite que ca en faisait une sorte de jeu, celui que se taperait l’enseigne sur la tête devra payer la tournée. Un bon moyen de jouer avec le destin. Enfin j’entrai dans une pièce sombre mais animée, un équipage de matelots prenait trois des cinq tables de la pièce et chantait un air visiblement assez connu.

« C’est un fameux trois-mâts fin comme un oiseau hissez-hauuuuuuuuuut notre bateauuuu, si Dieu veut toujours droit deeevant nous irons jusqu’au Cap des Jumeaux… »

Sur l’une des autres tables se trouvaient 3 personnes plus calmes, visiblement des citadins habitués, en pleine discussion. Sur la dernière table se trouvât alors un homme seul, munis d’une jambe de bois et buvant son verre d’un air maussade. C’est alors que cet homme étrange me fixa de son unique œil.

« Tu viens de vivre une belle tragédie toi, assieds-toi près de moi, tu m’intrigues. »

J’hésitai quelque secondes, un peu effrayé par l’étrangeté que dégageait cet homme, pour finalement accepter et m’asseoir en face de lui. Quelques minutes de silence passèrent, l’homme me fixa toujours de la même manière, et ce, depuis mon entrée, ce qui me rendit de plus en plus mal à l’aise. Soudain il planta d’un coup sec son couteau sur la table, ce qui me fit sursauter, tout en murmurant une phrase qui restera à jamais dans ma mémoire.

« Tu les as tous tués hein, bien que tu ne veuilles pas l’admettre ton regard est celui d’un tueur… non, pas vraiment d’un tueur, d’un pirate ! »

*Comment sait-il que j’ai tué tous ces gens ? Et que veut-il dire par pirate ?*

Suite à ces mots je blêmis d’un coup ne sachant que répondre…

« Oh tu te demandes comment je sais cela hein, en 40 ans de carrière je peux désormais facilement faire la différence entre un pirate et un civil, et toi tu n’as pas les attributs pour être un civil. »

Finalement je repris mon calme et osai lui poser une question.

« Qui êtes-vous monsieur, pourquoi me dites-vous cela ? »

Soudain, sans raisons apparentes il éclata de rire, tapant sur la table à plusieurs reprises, faisant taire l’équipage intrigué par ce rire soudain. Il se reprit ensuite et me regarda à nouveau durement.

« Qui suis-je ? Je te répondrai par la lettre D. Pourquoi je te pose cette question ? Car je vois une hésitation en toi, on dirait que tu as une partie de toi prêt à prendre le large mais une autre partie de toi-même a peur de l’inconnu. C'est pourquoi je te le dis, ton destin se trouve dans la piraterie ! »

Il se leva d’un coup et partit sans raison apparente.

« Attendez, que voulez-vous dire par là ? Je ne vous suis p… »

« Réfléchis à ce que je viens de dire, si tu ne trouves pas de réponse, ça ne sert à rien de rester dans cette ville. Par contre, si tu arrives à faire la paix avec toi-même, viens me voir dans trois jours à cet endroit, j’aurai quelque chose à te dire. »

Sur ces mots bien étranges il disparut derrière la porte avant que je ne puisse répliquer. Étant le centre d’attention de la pièce, je décidai de prendre également congé. De retour à l’extérieur je marchai dans les rues, déboussolé par les propos de cette personne qui répondait au nom de « D ».

*Qu’a-t-il bien pu voir en moi, comment a-t-il pu deviner ce qu’il s’est passé à Dotsumaki ? Quelle personne bien étrange*

Quand je repris mes esprits je me trouvai devant un cul de sac, complètement perdu. Je vis alors un autre pub au fond de la ruelle portant le nom de « La volonté du D ». Intrigué j’entrai dans ce bar, cette fois-ci, complètement vide. Il n’y avait que le barman en train de laver ses verres. Je m’assis alors au bar et commandai une bière. Enfin je me jetai à l’eau et posa ma question qui me brûlait la langue.

« Dites-moi cher monsieur, pourrais-je savoir ce qu’est « la volonté du D » ? »

Étonné, le barman eu un sourire en coin et me répondit.

« Vous êtes un touriste hein ? Ca se voit. Est-ce que vous connaissez Gold Roger ? »

« Juste de nom... Qui est-il ? »

« Cet homme fut le seul seigneur des pirates qu’il n’y ait jamais eu, et oui même dans la piraterie on a réussit à instaurer une hiérarchie. Sais-tu ce qu’est le One Piece ? »

« Euh non »

« Bon je crois que j’ai affaire à un bel ignorant, hahaha ! »

Répondit-il d’un air amusé, ce qui me vexa quelques peu.

« Il y a 22 ans le Seigneur des Pirates Gold Roger fut exécuté par la marine dans une ville d’East Blue. Juste avant son exécution, il prononça ces mots : « Mon trésor ? Prenez-le, j’ai tout laissé à cet endroit ! » Depuis sa mort est né alors une grande vague de la piraterie, de plus en plus de gens prirent la mer à la recherche de ce fameux trésor, le One Piece ! Cela fait 22 ans maintenant et personne n’a réussi à le trouver, je me demande bien si ça sert à quelque chose de le chercher encore aujourd’hui. »

Finit-il d’un air amusé.

« Mais en quoi cela à avoir avec la volonté du D ? »

Répliquai-je agacé.

« Du calme j’y viens, j’ai pu voir un avis de recherche de cet homme de son vivant. Bien que maintenant on l’appelle Gold Roger, son nom avait une légère différence et qui faisait tout. »

Il prit alors une feuille et une plume et m’écrivis « Gol D. Roger ».

*C’est donc de là que provient ce D ?*

« Mais qu’est-ce que ce D à avoir avec votre enseigne ? »

Demandai-je.

« Oh tu sais, Roger n’est pas le seul à avoir un D dans son nom, beaucoup de personnes le possèdent également. Mais ce qui est étrange c’est que toutes ces personnes ont une force de volonté qui sort de la norme, ils sont prêt à tout pour atteindre leur but ! »

Le barman me parla ensuite de Grand Line, la mer que gouvernait le seigneur des pirates qui est aujourd’hui surnommée « le cimetière des pirates », des 4 empereurs régnant sur le nouveau monde et de la fameuse île « Rough Tell » où Roger y aurait caché le « One Piece ». J’écoutai ses récits avec passion et les heures passèrent.
Enfin le soir venu je pris congé en rentrai à l’auberge. Freddy m’accueillit et me servit un des meilleurs plats que j’ai pu manger, le portier n’avait pas tort sur ce coup ! Je montai finalement dans ma chambre et m’allongeai sur un lit étrangement confortable. C’est alors que mon anxiété par rapport aux paroles de cet homme refit surface. Les récits du barman m’avaient fait sortir de la tête la mésaventure que j’ai vécu juste avant, mais là elle a bien réapparu et je me retrouvai soudain complètement perdu dans cette petite chambre.

*Qu’a-t-il voulu me dire par une part de moi-même prêt à prendre la mer et une autre encore indécise ? Cela aurait-il quelque chose à voir avec le sentiment que j’ai éprouvé lors du massacre de mon village ?*

J’eus du mal à trouver le sommeil cette nuit là, trop tracassé par ce qu’il m’était arrivé durant la journée. Le lendemain je continuai ma visite de la ville découvrant les marchés, les églises et surtout le port ! Rien à voir avec le petit embarcadère de mon village, ce port était énorme ! On y trouvait alignés une bonne dizaine de Vaisseaux et une cinquantaine de plus petits navires. Je fus impressionné par la taille des cuirassés marines, mais aussi par la beauté des navires marchands. Quel travail de maître ! Mais ce qui me fit le plus sourire fut toutes ces mouettes voletant an gré des vagues en quête de nourriture et prêtes à plonger au moindre mouvement anormal.
Soudain j’entendis un cri de l’autre côté de la digue, intrigué je courus voir ce qu’il se passait. Un équipage de pirates était en train de piller un entrepôt du port, emportant tout ce qu’il contenait. Le capitaine, répondant au nom de « Mortecouille la Belette Fringante » qui avait comme caractéristiques principales un œil de ver et deux revolvers à la place de ses mains, riait d’une voix de brute tout en se débarrassant du corps d’un matelot.

*C’est sûrement le garde de l’entrepôt… Ca m’a l’air tendu par ici, je crois que je ferai mieux de partir en douce*

*Et voila, tu réagis exactement comme cet homme l’avait prédit, tu ne gagneras rien à fuir, accepte-moi et nous feront de grandes choses ensemble !*

*Hein, j’entends une voix, comment cela est-il possible ? Je deviendrais fous ?*

*Va savoir si t’es fou ! En tout cas je suis bel et bien là, et ce depuis le meurtre de tes parents, tu crois que c’est qui qui s’est occupé de tous ces bouseux ? Tu n’en aurais jamais été capable !*

Pris au dépourvu je ne comprenais pas du tout ce qu’il m’arrivait, une voix me parlait dans ma tête, une voix nette et précise, mais d’une froideur à glacer le sang !

*Q… qui es-tu ?*

*Tu n’as toujours pas compris ? Ou bien refuserais-tu de l’admettre ? Je suis toi, c’est aussi simple que ça. C’est toi qui m’as créé petit à petit emmagasinant toute la frustration que tu as pu ressentir dans ton enfance. Et je te remercie, grâce au choc de la mort de nos parents j’ai pu enfin prendre forme et avoir une personnalité à part entière. Maintenant que vas-tu faire ? Vas-tu me renier et fuir ou m’accepter et me laisser affronter ces guignols ?*

Si je m’attendais à celle là ! Tout s’éclaircit soudainement, je compris ce qu’il s’était passé au village et les propose de ce « D ». Mais je ne pus m'accepter en assassin, moi qui aime tellement la vie !
Je m’apprêtai à refuser son offre lorsqu’un pirate me surprit par derrière et m’assomma d’un coup de cross. Étourdit, je vis le capitaine se diriger vers moi.

Pirate : « Capitaine, regardez ce que j’ai trouvé ! »

Mortecouille : « C’est qui ce morveux ? »

Pirate : « Sais pas, mais il avait dégainé son épée ! »

Mortecouille : « Et bien s’il veut mourir si jeune, on peut bien lui faire une fleur haha ! Jette-le dans la mer.»

J’avais l’esprit embrouillé, je sentis soudainement mon corps se faire trainer vers les flots et je pris peur.

*Non je ne peux pas finir comme ca, pas au moment où j’ai la chance de voir le monde ! Je ne veux pas finir comme ça !*

*Et bien qu’attends-tu, accepte-moi, et j’en fais mon affaire ! Ou plutôt, accepte-toi en assassin devrais-je dire hahahahahaha !*
Au moment où le pirate arriva au bord de l’embarcadère, toute ma vie passa devant moi. Ma résolution était prise, il n’y avait plus à hésiter à présent.

*Je t’accepte !*

Un grand cri suivit d’une vague de sang détourna soudainement l’attention du capitaine. Le pirate était à terre et gémissait, tenant un moignon avec son autre bras, l’autre partie de son avant bras gauche gisant un peu plus loin.

Mortecouille : « Qui a fait ca ? »

Spatha : « … »

Mortecouille : « C’est donc toi, espèce d’enf*** ! Qui t’as permis de toucher à Burt, tu ne payes rien pour attendre ! »

Mortecouille dégainant ses revolvers pointa…. Spatha ? Celui-ci avait disparu de son champ de vision. Soudain il le vit, juste en dessous de lui, il voulut réagir SPLASHHH une tête voleta sur le port de Caperone en cette fin de matinée.

Je repris mes esprits au moment même où la tête de la Belette Fringante quitta son emplacement d’origine. Je la regardai d’un air plat, sans plus aucune émotion. Désormais, cette vision me sera familière donc autant m’en habituer dès maintenant.
Le soir je réfléchis de nouveau à ce qu'il s’était passé dans la journée. Au début j’eus du mal à m’accepter comme schizophrène, je me sentais fous, malade mais surtout mal dans ma peau. Pour finir, n’étant pas du genre à me morfondre sur mon sort, je me fis à l’idée que cette personnalité était au final la personne que mon père voulait que je sois. J’ai donc exhaucé ses souhaits en créant cette partie de moi plus agile mais plus sadique. Finalement je finis par trouver ça drôle et étrangement excitant. Deux jours plus tard, je me dirigeai vers le « Gold Roger » pour y retrouver cet homme étrange, sur de moi à présent. En entrant dans le bar je le vis à la même place le regard maussade.

« Je t’attendais.»

« Je suis prêt. »

« Du moins tu penses l’être, confirmons ça en croisant le fer ! »

Je le vis sourire pour la première fois, un sourire qui n’a pas été utilisé très souvent visiblement. Il se leva et me demanda de le suivre. Nous marchâmes à travers la ville jusqu’à un endroit désert, soudain il s’arrêta et dégaina son épée.

« En garde ! »

*Eh t’es là ? J’ai besoin de toi là, tu réponds ?*

Pas de réponses… Je commençai à paniquer, comment faire pour appeler ma deuxième personnalité ? Comment se fait-il qu’elle était là avant-hier et que maintenant elle ne réponde plus ? Soudain mon adversaire fonça sur moi. Pris au dépourvu je dégainai et para tant bien que mal son attaque. Il continua sans relâche à viser mes points vitaux et moi, sur la défensive à parer du mieux que je pus. C’est bien tout ce que je savais faire, me défendre… Quelle ironie ! Et puis d’un coup, je me sentis perdre l’équilibre au moment où l’homme s’apprêtait à pointer vers mon cœur. Je vis la scène comme au ralenti, moi basculant vers l’arrière, les yeux rivés vers une épée s'approchant de plus en plus vers mon cœur.

*Pourquoi ? Pourquoi ne vient-il pas ? Que dois-je faire pour l’appeler ? As-tu ne serais-ce qu’un nom ? Spatha ?*

Je compris alors que "Spatha" était le nom de la personnalité que j'ai créé. Et en effet, ce nom lui allait beaucoup mieux qu'à moi !

*Donc c'est comme ça, tu seras donc Spatha, et je serai Grimmer, qu'il en soit ainsi !*

C’est à ce moment que tout devint rouge, je me sentis dans une excitation extrême, un sentiment de violence à son apogée. Je parai sans mal le coup porté repris l’équilibre pour enfin foncer vers l’ennemi dans une énorme envie de sang.

« STOP ! »

L’homme mis sa main à plat sur mon front, me fixant d’un regard dur, c’est à ce moment que je redevins moi-même.

« Maintenant, tu es prêt. Malheureusement pour toi, ce n’est pas dans cette petit ville que tu vas pouvoir débuter ton aventure, je t’emmène avec moi dans une ville bien plus grande, j’ai des relations qui pourront t’aider à débuter dans le métier. »

Essoufflé je ne pus qu’acquiescer d’un signe de tête. Je pris donc le large sur le navire de cet homme bien étrange en direction d’une ville plus grande. Je quittai donc Seitoun, non sans regrets, débutant ainsi mon voyage autour du monde !