One Piece Reign
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Dolores [Validée !]

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Message par Dolores Dim 28 Nov - 5:17

Un masque de jolie jeune fille de vingt-deux hivers sur le visage, Dolores est du genre un peu sombre, un peu taciturne, pas vraiment socialisée. Ca s’explique grandement par sa mutité mais elle le cultive aussi. Drapée dans une chevelure de jais, la peau pâle de sa frimousse aux grands yeux noirs atteste rarement de la moindre once de personnalité qui pourrait vivre sous elle, et reste la plupart du temps figée dans une sage impassibilité. Pas une ride, pas un tic, pas un rictus qui ne vienne faire trembler l’édifice en dehors de circonstances exceptionnelles. De son histoire et de cette apparence un peu terne, étendue à ses vêtements de cuir toujours sombres, il ne faut pourtant pas déduire que la chasseuse de primes est une suicidaire en puissance, désincarnée et en attente de la mort qui viendrait la délivrer de son mal blablabla. Nan. Elle aime vivre. Faut juste être là au bon moment pour s’en convaincre. Par exemple, l’observer pendant qu’on exécute celui qu’elle a ramené aux autorités ou pendant qu’elle remplit avec attention le carnet où elle compile toutes les informations sur chacune de ses rencontres masculines, même si ça peut mettre mal à l’aise, permettra à coup sûr de découvrir son plus beau sourire. Elle a développé au cours du temps une vision un peu particulière de l’existence, selon laquelle tous les hommes sont des porcs et plus elle en amènera au gibet mieux elle se trouvera, mais elle aime vivre, au moins depuis quatre ans.

Quand on est muette, parcourir les mers, c’est un peu délicat, mais ça forge le caractère. En plus d’une misandrie qui ne connaît que peu d’exceptions, elle a ainsi développé une connaissance approfondie de ses capacités et de ses limites. Sous ses vêtements se cache un corps assez frêle mais musclé et courbé là où il faut dans des proportions qu’elle sait mettre à profit pour attirer ses proies. Ou pour se procurer les deux minutes qu’il lui faut pour mettre en place sa défense en cas de rencontre avec un chien un peu trop empressé. Après quelques raclées prises en essayant d’attraper une brute un peu trop brute ou pas assez saoule, elle a en effet bien fini par se rendre compte par elle-même qu’il lui fallait développer quelques techniques d’autodéfense et s’est même découvert un petit talent pour ça, même si elle manque encore d’expérience pour être toujours prête à tout. Que ce soit avec les dagues qu’elle cache dans une botte et dans le creux de ses reins ou avec ses mains de petite fille innocente, elle peut faire des dégâts et ne se prive pas pour ça quand on ne veut pas se laisser gentiment emmener. Plus frivole qu’on ne pourrait le croire, elle s’autorise même parfois un petit extra, prenant pour cible un pauvre diable qui se prétend honnête. Aucun mâle ne pouvant l’être dans sa vision du monde, ça ne lui pose pas de cas de conscience particulier.

Muette, elle n’en gamberge pas moins, et peut-être même bien au contraire. Dès qu’elle a un instant, elle écrit ce qu’elle pense, parfois même dans des situations qui ne s’y prêtent pas, genre une course-poursuite de la plus haute importance. Cette petite habitude a eu tôt fait de se développer en manie à tendance compulsive, et les carnets qu’elles a remplis de ces prises sur le vif s’accumulent, en un endroit connu d’elle seule. Enfin elle est un peu du genre écureuil, donc en réalité c’est plusieurs endroits, et elle en a oublié pas mal. C’est dommage parce que son talent littéraire est certain même si ses textes sont assez brouillons et souvent peu organisés. Des fragments de génie, on peut dire. C’est peu de chose par rapport à ce que ça a pu lui causer comme problèmes, mais sa condition a eu un autre bénéfice sur sa croissance : elle s’est forgée une capacité unique à décoder les intentions des gens qu’elle rencontre à travers leurs gestes et leurs mots, ce qui lui tient lieu de première défense. En contrepartie, elle ne sera pas non plus du genre à vous faire poireauter deux plombes avant de vous faire comprendre ce qu’elle pense et, si elle ne vous aime pas ou si elle n'est pas d'accord avec vous, il vaut mieux que vous couriez vite. Son langage gestuel est plutôt du genre franc.

Ah, et tant qu’à parler de sa croissance...

¤¤¤

Ca commence un soir d’hiver. A l’horizon sur la mer, y a le bruit de la nuit qui tombe, mais ça on entend pas bien. Venu du haut des montagnes, une tempête décorne des bœufs et noie un petit village sous des monceaux de terreur neigeuse. C’était un petit village de pêcheurs, le genre de coin tranquille où les vieux des villes pensent qu'ils iraient bien se retirer un jour, sans le faire jamais. Et y a une bonne raison à ça : dans ces trous paumés, le moindre caprice de la nature tourne à l’hécatombe. Pas de force d’urgence pour intervenir et sauver des vies, pas d’utilité au courage inorganisé des hommes qui cherchent chacun à protéger leur femme, pas celle du voisin, et leurs mômes, pas ceux du voisin. Le chacun pour soi, ça marche bien dans la fuite, ça marche parfois dans l’attaque, mais ça marche jamais quand la seule solution serait d’établir une défense commune. Quand le soleil s’est réveillé le lendemain et qu’il a regardé ce qui restait du hameau, il a cru s’être planté de rivage. Y avait quelque chose quand il s’était couché la veille, et là y avait plus rien. Ou presque.

Ca continue un après-midi d’automne. Sur l’unique quai d’un port pour navires désespérés ou pirates en vadrouille, y a un navire désespéré qu’accoste. Deux bonshommes mal habillés en descendent et vont au tripot qui représente le meilleur équilibre entre crasse et distance au navire en cas de problème. Une pauvre fille les suit, déguenillée, affamée, mais encore presque jolie. A son cou, un collier de cuir relié par une chaîne à la main du plus costaud des deux caves. A ses pieds, rien. Pas même de chaussures. Dans l’établissement, le chef est vite repéré. Pas compliqué, c’est le brun au plus gros chapeau et à la voix la plus rauque, qui rit jamais. Les autres s’en chargent pour lui. Conciliabule rapide avec les deux étrangers timides, sous le regard malsain des gars du cru. La croupe de la mijaurée passerait de main en main si le coq le permettait, mais elle n’est que déshabillée vingt fois par vingt paires d’yeux, n’est que violée vingt fois par vingt esprits salaces. Les poches un peu lourdes, les deux bateliers s’éclipsent. Pas la jouvencelle.

Ca se dégage un matin d’été. Un navire, pas un bateau, accoste dans le même patelin. Les mêmes demeurés s’y abêtissent à grands flots d’alcool mal distillé et de batailles de fonds de tavernes. Le meneur a changé autant de fois que les mains frappant et tripotant celle qui est devenue une muse au nom flatteur, qu’on aboie comme on siffle un chien : La Putain. Dix-huit ans à peine, les cheveux blanchissant et les rides au coin des yeux à force de pleurer. Dans une autre vie, elle aurait été comtesse courtisée ou médecin réputée. Dans l’actuelle, elle sera morte d’ici deux mois. Son maître du moment la croit à l’étage et lui beugle de se montrer pour la présenter aux nouveaux arrivés, des gens très importants. Mais un œil averti l’aurait vue sortir par derrière aux premières nouvelles de la corvette en approche, la verrait monter au prix de tous les efforts sur le pont non gardé et cacher une sage marmotte de trois ou quatre ans sous un morceau de voile affalé en travers du gaillard avant. En silence, les yeux secs, elle retourne à son sort de misère, aguiche les pérégrins. Reçoit sa trempe à leur départ, pour n’avoir pas répondu plus tôt. Va donc, tu l’ignores mais ta délivrance est proche.

Ca s’achève un crépuscule de printemps. On est dans un jardin bien entretenu. Du gratin exubère, montrant à qui veut toute la somme de son mauvais goût. Sur des marches, une ingénue se fait salement peloter par un coq en uniforme sous les vivats et les lueurs tremblantes de torches indignées. Derrière un pilier que personne ne regarde, une jeune femme de dix-huit ans se tord les mains sans pouvoir crier à l’injustice, face à l’union de cet ignoble porc. Sa sottise lui en avait un temps fait croire les promesses de monts et merveilles tandis qu’il abusait d’elle tout en se prétendant son frère, dans un inceste que le père, le colonel qui l’avait recueillie quinze ans plus tôt, feignait de ne pas voir. En fait, les deux étaient aussi pourris l’un que l’autre. Le vieux considérait que ce n’était que juste remboursement des frais qu’il avait engagés pour elle et ne s’abstenait de participer que depuis qu’elle avait dépassé l’âge plus assez tendre de onze ans. Le jeune ne la considérait que comme un réceptacle à frustrations, dont il avait la disposition jusqu’à ce qu’il se dégote un parti assez bourgeois et doté, chose faite lors de cette soirée mondaine. Un bruit de pas qui s’enfuit.

¤

Ca commence un soir d’hiver. A l’horizon sur la mer, y a un bruit de nuit qui tombe. Sur un quai désert, une fille triste fête ses vingt-deux ans en solo, un pied dans le vide au-dessus de l’eau, l’autre genou remonté sous le menton. En appui sur sa cuisse, elle prend des notes sur un calepin qui en raconterait de belles s’il pouvait dire ce qu’il a traversé. Mais voilà, comme sa propriétaire, il est muet. Alors il garde le silence et se dit qu’il est bientôt plein, qu’elle lui trouvera bientôt un remplaçant. S’il avait des yeux, il en profiterait pour admirer encore un peu le joli minois qui le surplombe. Mais voilà, il a pas d’œil alors il reste tranquille. Dans le dos de la chasseuse, un bandit bâillonné et ligoté tente de s’échapper en roulant sur lui-même. Il est pas très malin, la pente est dans le mauvais sens. Après quelques tonneaux effrayés, il tombe dans l’eau sous le regard impassible de Dolores.


Dernière édition par Dolores le Ven 10 Déc - 17:30, édité 4 fois
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Message par Lou Dim 28 Nov - 14:37


Arf! V'là une gamine qu'veut jouer les dures, et une future concurrence peut-être...

C'est pas pour me déplaire, mais si tu veux test tes collègues (et le Lou n'est pas le moindre) va falloir faire du beau boulot! Comme j'suis pas revèche, j'vais t'dire c'que j'pense de ce que tu viens de baver!

Les crasses d'abord:

T'as un putain de dico dans la trogne fillette, mais parfois, tes phrases sont un peu du genre dédalesques. Moi j'm'en cogne, j'sais à peine lire (mais j'sais compter jusqu'à 12!!) mais pour quelqu'un qui gère les lettres, c'est pas terrible. Relie peut-être les plus longues tirades: certains accords de verbes sont douteux, et le sens parfois nébuleux.

De façon plus classique, ce serait pas mal si tu publiais aussi une présentation du joueur. Histoire de suivre l'étiquette!
Regarde aussi à rajouter une petite touche One piece . Des détails, des références, tout le tsoin-tsoin. Ca ne pourra t'être que profitable en jeu!

Points négatifs: check.

Les bons maintenant: de chouettes descriptions, c'est clair, de même que l'histoire. Un style qui se suit, la preuve, même moi j'ai compris! Et un perso original qui va surement me plaire (bas tu penses une gonz qui braille pas, c'est un peu le rêve! ... Arf, ouais j'oubliais: tu n'as pas le monopole du mépris du genre opposé !).

Continue comme ça m'gamine, elle sent le bon pain c'te fiche! Et j'ai hâte d'voir comment tu vas faire jouer La Reine du Silence en jeu!

A la revoyure collègue !
Lou
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Le roublard
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Message par Dolores Dim 28 Nov - 17:02

Hello Mugen Lou !

Alors d'abord, merci pour les remarques. J'ai commencé la fiche super tard et je m'y suis mise sur un coup de tête. Ma première phrase, c'était "Ca commence un soir d'hiver." et tout est parti de là, je trouvais que ça sonnait bien. Ecrire de minuit à ... 4h17 -_- ... ça doit laisser des traces, mais même en relisant trois fois je n'ai pas trouvé les phrases qui posent problème. Sûrement parce que c'est moi qui ai écrit et que je sais ce que je voulais dire. Est-ce que tu peux me donner des exemples ?

Sur la petite touche One Piece, je pensais développer la manie de prendre des notes n'importe où n'importe quand. J'espère que ça apparaîtra mieux dans un test RP. Et pour les références à l'univers, je comprends ce que tu veux dire mais mon histoire est faite de fragments, donc j'ai préféré rester dans le non-dit. Quand on nomme quelque chose on lui retire sa part de mystère, mais quand on le garde anonyme on peut encore tout imaginer. La scène du printemps peut se passer à Loguetown comme à Water Seven. La seconde scène d'hiver se passe probablement à Loguetown parce que c'est là que j'aimerais commencer, mais ça pourrait être n'importe quel quai de n'importe quelle ville où on peut vendre la tête d'un bandit contre une poignée de Berrys. Si on me dit qu'il faut modifier, qu'il faut préciser, je le ferai mais j'ai peur que ça alourdisse le texte.

Merci pour les compliments sinon ! =)

Et après douze, c'est treize !

Ah, et pour la fiche joueuse :
Prénom : Dolores (à quelques lettres près, mais j'aime bien ce prénom depuis que j'ai lu Arsène Lupin et découvert le personnage de Dolorès Kesselbach dans 813).
Age : Bientôt 22 mais chut c'est vieux.
Ce que vous aimez : Ecrire, m'évader, le non-dit, écrire, créer des personnages, dire "oui j'arrive" et continuer sur ma lancée jusqu'à ce qu'on me fasse arrêter de force, me donner des petits challenges comme "qu'est-ce que je peux construire autour de cette phrase ?", Lie to Me mais ça dépend des épisodes.
Ce que vous n'aimez pas : Les listes, les modèles à suivre, les longues listes, Lie to Me mais ça dépend des épisodes.
Première Impression : C'est Noël ! Et ensuite : Tellement bien organisé... O_O Chapeau.
Autres : Et plus si affinités.
Comment avez vous connu ce forum ? : La première fois que je suis venue jeter un œil, je crois que c'était après avoir passé un aprèm à zoner dans l'annuaire FA au lieu de préparer un truc plus important.
Dolores
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Message par Maîtresse du Jeu de l'Or Mer 1 Déc - 20:35

Bonsoir, fiche intéressante, bien écrite...que tu peux compléter dès maintenant d'un test RP.

Il faudra introduire un minimum de repères spatiaux pour savoir où tu commences à jouer ensuite, même si laisser des inconnues ne nuit en rien à la qualité de ton écrit.

Go pour le RP donc Smile
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Message par Dolores Jeu 2 Déc - 0:05

Merci. =)

Je sais que je suis passée un peu vite sur la phase de combat. Ce n'est pas ce que je trouvais le plus important mais, comme pour le début de la fiche, pas de souci s'il faut préciser quelque chose.

¤¤¤

Rencontré un boulanger du district Est ce matin. 5 pieds 5 pouces, 240 à 250 livres. Calvitie avancée, teint rougeaud, doit fréquenter assidûment le bar voisin. Lèvre inférieure pendante. Une incise manquante en haut, le reste est carié. Echoppe propre, ne la nettoie pas lui-même. Bien évidemment, a commencé par me reluquer comme si sa femme n’était pas à côté de lui. Tout juste si ce n’est pas lui qui a fait la blague de me demander si mes miches étaient bien fermes. L’ai regardé comme il fallait quand il s’apprêtait à ouvrir la bouche. A avalé sa salive en silence. Aurais dû l’égorger sur place ; un régiment de la Marine est passé dans mon dos pendant que je caressais la poignée de ma dague sous ma cape. Sifflements de militaires. Ai échappé à l’apostrophe qui suit généralement grâce au rappel à l’ordre de leur chef. Blondinet plus jeune que moi. Yeux verts. 5 pieds 8 pouces, 180 livres. Lieutenant. Promu récemment, soucieux de faire ses preuves. Gaucher. Sûre qu’il se retenait lui aussi. Récupéré mon pain et trois gâteaux au miel pour les deux prochains jours.
Finir cette traque et quitter l’endroit avant d’y faire un carnage et de me faire enfermer sans pouvoir ramener la tête de Black Filth. 1,000,000 de Berrys. De quoi acheter…
Question à étudier.
Gamine de l’auberge de retour.

- Page 35 -


Haute comme trois pastèques, la petite progresse vers le fond de la grange. Elle est mignonne, à essayer d’avancer sans bruit comme elle fait. Ses épaules ont un mouvement de recul quand elle s’aperçoit que son contact l’a déjà repérée, ombre longiligne se découpant entre deux bottes de foin dans l’encadrement de la fenêtre de l’étage. Mais elle ne tremble pas et continue de progresser. Monte à l’échelle et arrive en haut avec un sourire qui n’est encore intact que par chance. Son petit cerveau sait qu’il n’y a pas de danger à craindre chez cette femme mystérieuse qui lui a déjà donné la moitié de son repas la veille. Pas comme là-bas. Les clients saouls à éviter, les coups du patron à recevoir, les insultes de la matrone qui la jalouse déjà à ne pas entendre. Un mouvement devant. Une main d’albâtre lui tend un paquet qu’elle s’empresse d’ouvrir. Miam. Cronch. Slurp. La friandise a disparu.

Les doigts sont léchés avec soin les uns après les autres, les lèvres sont encore collantes de sucre et dessinent un nouveau sourire enfantin. Les yeux humides de reconnaissance contemplent comme s’ils étaient ceux d’une déesse les traits réguliers qui l’observent en retour. Pas un muscle n’a bougé sur le visage de l’aînée, mais son petit bout de compagne perçoit inconsciemment la bonté qu’expriment les iris noirs pourtant immobiles. Elles restent toutes les deux silencieuses un long instant, puis Dolores s’allonge soudain à même le sol et feint de se désintéresser complètement de la chérubine. Le résultat ne manque pas : celle-ci s’allonge aussi pour l’imiter puis, comme la fois d’avant, finit par s’ennuyer et se met à parler comme si on lui répondait. Un chien, un mur un peu bosselé, juste une présence à qui raconter ses tourments. Les enfants qui vivent un cauchemar n’attendent jamais que ça.

… Et puis cet après-midi il faudra que je remonte là-haut pour m’occuper du gros monsieur de la 13. Il avait un drôle de regard hier quand je suis rentrée dans sa chambre. J’ai bien vu qu’il avait des tas de billets dans son sac en cuir, j’en ai jamais vu autant ensemble, même pas quand le patron fait les comptes à la fin de la journée. Je me demande d’où ça vient. J’ai entendu Riley – c’est la cuisinière – dire au vieux Spit – c’est l’habitué de la 03 – que c’était sans doute un bandit. C’est des histoires. J’ai essayé de rien montrer en changeant ses draps et je crois qu’il a rien vu, mais il me fait peur quand même. C’est pas comme le client de la 14. Sa barbe rouge et la cicatrice sur son front, ça m’impressionnait quand il est entré dans le hall et qu’il a demandé une chambre pour trois jours, mais en fait il est gentil. Un peu comme toi. Mais tu m’écoutes pas, hein ? C’est pas grave, t’es gentille quand même. Et puis, donc, après la 13, je …

Oh si. Elle écoute. Un mouvement de paupières imperceptible en a témoigné à la mention des poils couleur feu et de la marque sur le haut du crâne. La proie est là.

… et demain on attend un marchand important du centre-ville. Il paraît que c’est un cousin du patron et on m’a dit que je devrais faire tout ce qu’il me demandera. La Mère a dit qu’elle me donnerait vingt Berrys pour l’occasion parce que j’étais pas censée travailler, je me demande ce que je vais en faire …

Un sourcil qui tressaille dans l’ombre. Des images du passé.

… à grelots. Ah je dois y retourner ça va être le service de midi et le patron va encore pas être content !
Merci pour le gâteau m’dame !


Pas un regard en arrière, la spontanéité de l’innocence. Quatre à quatre, l’échelle est descendue, le bâtiment quitté. Restée seule, la chasseuse retourne s’asseoir dans le cadre de la fenêtre. En bas sur le chemin, la souillon de huit ans se retourne et lui fait un grand signe de la main auquel elle ne répond pas. Baisse le bras puis reprend la route de son petit enfer à elle. C’est la mi-journée, le soleil est d’humeur généreuse, réchauffe les toitures branlantes et les humeurs bougonnes de ce coin de l’océan. Au bout du chemin, le salisson disparaît dans l’hôtel miteux. Vérification de l’équipement. La botte droite, les hanches. Le menu matériel dans la sacoche à la ceinture. Et la cordelette au poignet, nouveauté expérimentée depuis quatre mois suite à une fuite délicate face à un adversaire trop puissant à 4,000,000 de Berrys. Un bruit de gants enfilés, un claquement de cape.
Dolores s’est levée et a choisi la voie de l’assurance : la fenêtre.

¤

L’endroit est vraiment sale.

Homme au comptoir. 55 ans, une ruine. 5 pieds, 170 livres. Visage dur, le patron.

Héhé, belle pièce patron ! C’est ta nouvelle putain ? … Viens voir par là beauté.

Pilier de bar dans le coin gauche. Ivre. 30-40 ans, 6 pieds, 200 livres d’alcool.

Elle est à moi. Allez viens poulette. Eh mais qu’est-ce que tu fous ? Qu’est-ce qu’elle fout ?

Voisin du premier. Idem. Plus jeune, le frère. Même taille, plus mince et musc-

Eh, t’écoutes pas ce qu’on te dit ma jolie ?

Manie habituelle de l’une, erreur monumentale de l’autre. Un léger sifflement d’acier. La grosse main qui s’est posée sur le fin poignet pousse un cri : une lame de vingt centimètres l’a unie dans le sang au bois sale de la table. Les choses pourraient aller plus loin mais on entend un bruit au plafond et tout s’arrête. Une chaise tombe, une vitre se brise. On pousse un juron à l’extérieur et, dans la rue, un homme roux et massif s’enfuit à toute allure vers les montagnes.

Il est lourd, elle est rapide.
L’écart réduit, un coup part vers le flan qui le fait chuter lourdement. Il a l’habitude, se relève sans peine et rit au nez de son frêle adversaire, sort un pistolet du sac qu’il traînait et ajuste son tir. Mais on n’atteint pas une personne attentive si on prend le temps d’ajuster son tir. La détonation résonne sur les roches du voisinage mais c’est la balle qui a mal, pas le sol mou qu’elle pénètre à peine. L’implacable Nemrod a déjà un genou dans le dos de sa victime et lui écrase la trachée à l’aide du filin qui lui enserrait le poignet un instant plus tôt. Ne pas le tuer. Les yeux cyans se révulsent et l’imposante charpente s’écrase au sol avec un fracas qui fait trembler la poussière.

Un moment, David contemple avec froideur Goliath vaincu.
D’autres filins, métalliques cette fois, s’échappent du fourre-tout de velours dissimulé sous le manteau de cuir et viennent meurtrir les chairs des chevilles et des poignets du Philistin. C’est précis, c’est méthodique. C’est cruel, mais de cette cruauté froide qu’on montre envers ceux qu’on a juré de poursuivre à tout prix et jusqu’au bout du monde. Saucissonné, il attend sagement à son réveil le retour de la demi-portion qui l’a mis à terre. Ses injures ne semblent pas atteindre la jeune femme quand elle revient. S’asseyant au bord du chemin comme s’il n’était pas là, elle pose sur sa cuisse le carnet récupéré à l’auberge et finit sa prise de notes.

-lé.
Black Filth. 5 pieds 6 pouces, 200 livres. Yeux bleus, barbe rousse. Grande estafilade sur un front dégarni, bon souvenir du sous-amiral qu’il a tué selon les rumeurs. Ne vaut pas sa prime, probable erreur sur la personne de la part de la Marine. Intelligent mais trop lent, bon choix de chasse. Souffle court, répertoire d’injures impressionnant. Idées sur l’utilisation de l’or.


Elle se relève et s’approche, il se tait soudain. Puis rouvre la vanne de son torrent d’invectives. Crac.
La mâchoire brisée par un talon de botte, il a une illumination et plonge enfin avec sagesse dans un silence résigné. Sa gardienne ne parle pas mais il comprend à la dague qui lui chatouille l’entrejambe qu’il ferait mieux de se lever et obtempère. Comprend ensuite avec la même facilité qu’on se rend en ville. Ahane et souffre atrocement le trajet entier, son seul moyen de bouger consistant en de petits bonds à chacun desquels les fils d’acier qui lui entravent encore les jambes strient un peu plus sa peau.

Black Filth presque soulagé à son arrivée au poste. Chien. Sera pendu demain selon le Marin qui l’a conduit en cellule et m’a payée (voir description page 28). Récompense volumineuse. Heureusement, une moitié laissée dans les bras de la gamine de l’auberge. Eleah. Emmenée en ville dans une maison qui prendra soin d’elle. Ai dû "convaincre" le patron de la laisser partir. Demain, courses et repas de fête. Equipement à acheter : balles et poudre, dague neuve, filin. Départ pour Grandline le soir, sur navire d’allure fiable, après exécution et "rencontre" avec un cousin.

- Page 36 -


Allongée sur un sac d’or, sourire dans le noir.

¤¤

Maîtresse Dolores, sur un arbre perchée…

L’intro fait un peu réclame pour club orienté violence et souffrance, mais cette fois c’est bien comme ça que l’histoire commence. A cinq mètres du sol, une paire de bottes tout juste brossées s’agite au doux rythme d’une chanson silencieuse. Une berceuse, un vestige d’un passé du reste oublié. Un visage sans traits passe devant les yeux sombres de l’équilibriste dans un souvenir flou. Le noir froid de ces iris, c’est celui de la haine infinie et c’est celui de la résolution sans faille. Un battement de cils, un saut.

Au sol des matelots s’agitent. Et s’affairent et s’agitent, et s’agitent encore et s’agitent toujours. Aucun d’eux ne s’en doute, mais chacun a déjà sa description personnelle dans les notes qui balancent dans la besace de la demoiselle. Le capitaine aussi, cet archétype du marin aventurier qui vient de donner le signal du départ. Par les effets magiques d’un reste de bienséance ou par ceux des centaines de mille versées pour la traversée, son regard reste horizontal quand elle le dépasse. L’envolée lyrique et les manières grandiloquentes de l’accueil font presque baisser la garde de la passagère. L’équipée sera longue.

Sur la grand-place, un cadavre à la nuque brisée s’agite sous les outrages des corbeaux.
Dans une chambre décrépie, les yeux éteints d’un corps à la gorge ouverte contemplent vingt Berrys.

Sur une mer qui se démonte dans la nuit, une grosse coquille de noix trace sa route.
Toutes voiles dehors, elle est ridiculement petite au pied des falaises qui se profilent sous les étoiles.
Dolores
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La Reine du Silence
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Message par Maîtresse du Jeu de l'Or Dim 5 Déc - 19:23

Hop, deuxième passage, pour te dire que l'impression que l'on pouvait avoir à prime abord est confirmée. Très belle fiche, style agréable, personnage prometteur avec un sacré challenge du fait de son mutisme.

On ne demande qu'à voir progresser Dolores au fil des RP. Pour moi ce sera un niveau 6, mais si le prochain MJ t'offre le 7, je n'y vois pas d'inconvénient.

Attends le second avis nécessaire avant de te lancer dans l'aventure Smile
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Message par Dolores Dim 5 Déc - 20:21

Ah, mercii ! =)

Je suis contente si ça plaît, je ne savais pas trop où ça me mènerait de commencer comme je l'ai fait...
Dolores
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La Reine du Silence
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Message par Serviteur du Jeu Massacre Jeu 9 Déc - 1:08

Niark.

J'arrive au niveau 6 pour ma part. Le niveau 7 se méritera en rp.
Je laisse à Or la joie de te valider et de t'inscrire aux registres.

Félicitation et amuse toi bien !
Serviteur du Jeu Massacre
Serviteur du Jeu Massacre
Fée des Bouchers
Fée des Bouchers

Rang/Grade : Reine du Hachoir
Supérieur : Son Rebelle d'amour en sucre

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Message par Dolores Jeu 9 Déc - 22:50

Merchi, toi Serviteur dont le nom, le Niark en italique, le son que j'associe mentalement avec et un certain nombre d'autres facteurs que je serais bien incapable de lister me font penser à une certaine Erin qui ne connaîtra sans doute jamais cet endroit. =)

Songes improbables.
Dolores
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