Repérage et petites affaires

"Je vois parfaitement où vous voulez en venir, mon ami, et nous allons y aller."
Brask fit un geste protecteur en passant un bras autours de l'épaule du Fusain. Il fit un clin d'oeil à son "protecteur" en passant, histoire de le taquiner un petit peu alors qu'il rendait la discussion encor plus difficile à comprendre. Il avança gentiement dans la ruelle, poussant le pauvre homme à le suivre et l'éloignant ainsi peu à peu de ses coéquipiers.

"Vous lancer sur le devant de la scène, faire les gros titre, et pourtant garder un petit soupson de mistère qui fait toute la différence. Je sais exactement de quoi vous voulez parler, et mieux encore, je peux vous l'offrir!"
Le Dreadeux venait de passer un mode barratineur. Il envoyait de la poudre aux yeux à son "ami". Peu importe comment la suite allait se passer, les chances de l'énergumène de s'en sortir en un seul morceau étaient déjà quasi nulles. Brask avait la ferme intention de s'en débarasser une fois qu'il lui aurait tiré les vers du nez. Et s'il se montrait plus coriace que prévu, il serait emmené à bord du Bloody Mary, où les pirates auraient tout leur temps pour discuter.

"Allez, dites moi tout, je suis certain que nous pourrons en tirer quelque chose de très profitable."

Brask écouta attentivement son interlocuteur sans l'interrompre et en hochant la tête aux mots "déterré de l'or", "contre la marine","pas une prime", "chef brillant" ou encore "pointe sud de l'île", comme pour signaler qu'il enregistrait bien les informations transmises. En fait, son cerveau faisait bien plus que de simplement écouter et mémoriser les paroles de ce Judas: il les interprétait, les assemblait afin d'en tirer les conclusions qui allaient définir la marche à suivre à partir de cet instant. Il déduisit que l'équipage des "Fusains" devait être composé de combattants moyens, voir médiocres, ils ne seraient pas parvenus à passer inaperçus si ça n'avait pas été le cas. Ils devaient cependant tous posséder des talents qui compensaient leurs défauts physiques. Le chef était celui qui inquiétait le plus notre pirate, un homme capable d'inhiber les désirs de gloire de ses subalternes durant tout ce temps ne pouvait être qu'admirable, sa capacité de manipulation semblait hors normes. Un plan se construisait déjà sous les longues dreads de Brask.
Il en avait entendu assez pour tendre un piège efficace contre les fusains. Il aurait tout simplement pu se débarrasser de son informateur et appliquer un plan basique, mais cela ne lui suffisait pas. Il termina donc la discussion sur un ton enjoué, afin de laisser son interlocuteur s'en aller...

...Enfin, presque.

"Voilà qui me semble très prometteur ! Je vous remercie infiniment. Mais je vois que vous êtes impatients de retrouver vos compagnons, je vais donc vous saluer avec toute mon amitié !"

Brask tendit une main chaleureuse devant l'homme, qui ne put faire autre chose que de l'empoigner. Grossière erreur. La main gauche du pirate attrapa le fusain à la base du cou, et s'abaissa avec violence, entrainant la tête de la pauvre victime vers une rencontre précipitée avec un genou. Le navigateur passa le bras de l'homme maintenant inconscient autours de ses épaules, et le traina en direction de Lucian.

"Je te présente Brutus, notre ami qui a un peu trop bu et qui c'est malencontreusement cogné la tête en trébuchant. Ma chère petite sœurette, il va falloir vite l'amener chez nous pour qu'il retrouve ses esprits."

Le visage du dreadeux rayonnait d'un immense sourire qui semblait à la fois extrêmement puéril et terrifiant. On aurait dit un gamin arrachant les ailes d'une mouche avec tout le sadisme des océans. Ce grand frère et son amis commencèrent de descendre le long d'une ruelle qui devrait les mener en dehors de la ville sans passer devant le Tutti Frutti et évitant ainsi de croiser d'autres fusains. Après quelques pas, Alex tourna la tête vers Lucian, avec toujours le même sourire affiché.

"Alors, tu viens ?"

Tout au long de sa fuite le long des ruelles de Gemeylrum, Brask faisait attention de ne pas se faire remarquer, s'arrêtant au moindre son de bottes. Il ne croisa cependant pas une seule patrouille... Jusqu'à ce qu'il arrive sur la grand-route qui devait le mener hors de la ville. Alors qu'il s'engageait dans cette rue, Lucian le suivant plusieurs mètres en arrière, une patrouille de quinze marines apparu de nulle part droit devant lui. Il tenta de les contourner en passant derrière un groupe de civils. Le bruit causé par la foule cacha les bruits de bottes qui se dirigeaient, comme si elles étaient miraculeusement attirée, vers lui. En apparaissant de derrière les civils, Brask ne put que percuter l'officier à la tête de la patrouille, tout deux se retrouvant les quatre fers en l'air, sous le regard amusé des passants. Dans sa chute, le déguisement superficiel de Brask tomba: ses longues dreads se détachèrent et ses lunettes tombèrent à terre. Le temps qu'il se relève, quatre marines pointaient leur fusil sur lui.

"Quoi ? Qu'est-ce qui se... Aha, je crois qu'on en a trouvé un messieurs !"

L'officier fouilla dans sa poche pour en sortir un tas de papiers éparses et sembla en chercher un en particulier parmi le fouillis. Lorsqu'il le trouva, il se pencha pour ramasser les lunettes tombées au sol et les replaça sur le nez du malheureux pirate. La ressemblance était flagrante: le visage de Brask ressemblait en tout points à celui présenté sur l'avis de recherche.

"Alexander Roc, dit Brask, le ton de l'officier transpirait de dégout alors qu'il prononçait le nom du pirate. Voyez braves gens, comment la marine achève son dur labeur: un nouveau pirate est capturé ici aujourd'hui, plusieurs centaines, que dis-je, plusieurs milliers le sont également tout autours de notre monde..."

Alors que l'officier redoublait de métaphores et d'hyperboles, Brask reprenait lentement ses appuis. Il n'était pas assez naïf pour penser qu'il avait une chance de s'en sortir, il jeta donc un regard vers Lucian, espérant qu'elle comprenne qu'il ne fallait pas qu'elle intervienne. Il y avait désormais huit marine qui le gardaient en joue, les autres s'occupant d'éloigner les curieux, et leur chef... leur chef ne tarissait pas de louanges envers les forces de l'ordre toutes puissantes.
Alors qu'il tenait ses mains en l'air, un dernier marine passa derrière le pirate pour lui passer les menottes. Une fois le premier bracelet attaché, et le second s'approchant de l'autre poignet, Brask se releva avec une vitesse qui prit de court les marines. Il attrapa le fusil le plus proche et le tira vers lui. Le coup parti dans la direction opposée et toucha le marine d'en face sans pour autant le tuer. Les autres tireurs ne purent tirer sur Brask à cause des deux boucliers humains qu'il s'était procuré. D'un coup de poing il renversa l'homme aux menottes et se rua sur les hommes derrière lui, armé d'un fusil tenu par le bout du canon. Il réussit à en assommer un avant d'être arrêté par une balle dans la cuisse et de lâcher son arme.
Les coups de feu partirent alors dans tous les sens, tuant plus de marines que de pirates. Trois des marines qui s'occupaient de la foule, qui eut tôt fait de s'enfuir dès le premier coup de feu, tombèrent au sol. Pendant ce temps, Brask attrapa les deux marines qui l'entouraient et les tira vers lui, avant d'attraper leur crâne et de les fracasser ensembles. L'officier, interrompu dans son discours, chercha à attraper son revolver pendant que ses hommes rechargeaient leurs fusils. Brask s'approchait de lui avec un regard de carnassier derrière ses lunettes. Avant de pouvoir tirer, Brask avait attrapé la gorge du marine et le souleva de quelques centimètres, lui coupant le souffle. Dès qu'il entendit le premier fusil rechargé il lança l'officier dans la direction d'où provenait le bruit et se rua dans la même direction, tout en dégainant une de ses armes. Il fracassa le crane de l'homme assommé par le fusil au passage, et enfonça le visage d'un autre marine avec un de ses tonfas. Il attrapa l'officier par le menton, et eut juste le temps de lui faire décrire un demi-tour avant de recevoir sept balles dans le corps, dont une dans la tête qui fit s'envoler ses lunettes de soleil.

Alexander "Brask" Roc s'effondra, son sang se mêlant à celui des huit marines tués dans la bataille.